Les Ch'tis,c'était des clichés;d'Elise Overt-Baratte.

J'ai entendu l'auteur présenter son ouvrage- publié chez Caman-Lévy- à la radio et énumérer les inexactitudes et clichés du film qui a fait rire plus 20 millions de Français. Elle félicitait le réalisateur pour son succès tout en précisant qu'elle était chercheuse et non une artiste.
Soit. Les petits et les grands aiment les histoires, qu'elle soient vraies, arrangées ou complètement inventées. Vivre sans histoires est impossible. Celle-ci nous a fait rire et nous a fait du bien : pas de violence, pas de sexe, pas de sang mais beaucoup de spontanéité, et de chaleur humaine dans les bévues et les faiblesses humaines.
Le mensonge et les idées reçues sont mises en lumière avec drôlerie : le faux handicapé, la fausse cité houillère. Oui, l'artiste est un menteur qui raconte des histoires, invente des scénarios ou peint des tableaux qui font voir la réalité autrement, comme nous ne l'aurions jamais vue sans lui. Ces mensonges là sollicitent notre sensibilité et notre intelligence , nous font réfléchir et découvrir bien des messages cachés, bien des vérités dont nous ne soupçonnions pas même l'existence.
A propos de l'oeuvre littéraire ou cinématographique, Jean Cocteau, sauf erreur, déclarait :" Je suis un mensonge qui dit toujours la vérité."

Je n'ai pas répondu plus tôt ; je me suis en fait posée la question de savoir si je "raccrochais" ce sujet aux deux ouverts sur le film, ou si je lui laissais son indépendance. J'ai choisi, finalement, la deuxième solution.

Le film Germinal a fait beaucoup de mal à la région et surtout à ses habitants, comme si les enfants de mineurs n'avaient pas encore été assez regardés de travers (j'ai bien trop connu cela enfant et adolescente) parce que nombreux ont été ceux qui n'ont pas compris que l'histoire du film se passait à une autre époque que la notre. Nous avons espéré que Bienvenue chez les Ch'ti rattrappe le coup en quelque sorte, mais finalement si sont publiés des livres qui viennent expliquer comment est vraiment le Nord, ce n'est pas seulement parce que certains veulent profiter du succès du film pour se faire un peu d'argent mais c'est aussi parce qu'encore une fois, certains n'ont pas compris qu'il s'agissait là d'un divertissement, d'une caricature, peut-être parce que pour une fois la caricature vient des Nordistes eux-mêmes et non pas juste de la manière dont nous voit un étranger.

Moi je trouve quand même que le film exagère vraiment peu, ce que je craignais franchement d'ailleurs, et c'est sans doute pour çà que je l'ai trouvé si touchant et drôle. OK, Bergues c'est pas chti, c'est flamand, mais qu'est-ce qu'on s'en moque de savoir qu'ils ont décalé de quelques dizaines de kilomètres, pour apporter 1h30 de bonheur à des millions de français! Mais vous avez raison, la jalousie, et l'argent ...feront toujours parler les mauvaises langues!!

Oui, c'est comme tourner en Angleterre et en Australie un film dont l'histoire se passe aux Etats-Unis. A la rigueur ça n'a pas d'importance, ce qui compte c'est l'histoire. Dany Boon est un comique, il a fait un film qui fait rire et c'est l'essentiel.
Ce qui est à espérer c'est qu'il ne se laisse pas tenter par une suite comme certains le pousse à le faire, parce que les suites sont souvent décevantes si elles ne sont pas prévues dès le départ (cas de trilogie par exemple dont l'histoire est à suivre) et cela gâcherait la beauté du premier. Où alors il faudrait réussir à faire plus fort... ou alors envoyer les Ch'ti dans le sud et caricaturer les gens du sud

Finalement, tranquillement, on raccroche le sujet à celui du film... c'est sans doute difficile à faire autrement

Oui, une suite serait sans doûte décevante.

Le film était à la fois drôle et plein d'émotion ; quelque chose me dit que dans une suite on irait surtout chercher du " couleur locale " en l'exagérant, bref que ça deviendrait grotesque.

Ou alors une suite avec les employés de la Poste en visite dans le sud ? Bof.

Dans ce film,la couleur locale et les exagérations m'ont paru secondaires. Ce qui m'a frappée, c'est la chaleur humaine, simple et spontanée des gens du Nord. Réaction subjective,partielle et partiale j'en conviens.
Il existe un film de 1949 sur la vie des mineurs ,c'est "Le Point du Jour" de Louis Daquin avec Michel Piccoli et Jean Dessailly à leurs débuts. Je l'ai découvert dans le cadre de mes recherches sur l'écrivain et scénariste marnais, François Boyer. Il fut assistant de réalisation pour ce film.
Un ami m'a fait découvrir un livre publié pour le centenaire de la catastrophe de la mine de Courrières :" Mine d'enfer" de Jean-Claude Poitou, publié aux éditions Le temps des cerises, 300 page, 30 euros. Tiens je vais le présenter à la rubrique bibliothèque.

Pas de problème, la porte t'es ouverte.

Je n'ai pas lu ce livre "Mine d'enfer", mais j'en ai lu d'autres sur la catastrophe de Courrières, le problème c'est que je n'ai plus les références ent tête et il s'agissait de livres empruntés donc je ne peux pas regarder sur mes étagères à livres, mais à l'occasion, si je les revois, je prendrais les références.
Il y a eu également, il y a quelques temps un excellent film dont le personnage principal était un enfant et l'on voyait donc surtout de son point de vu à lui... c'était très intéressant. Mais je pense que j'avais du en parler quelque part... ça doit bien se trouver du côté de la rubrique cinéma...

Vérification faite, j'en avais bien parlé dans le sujet "ce soir à la télé" :

Marie-Ange a écrit:

Sur France3, 20 heure 50, Moi, Louis, enfant de la mine, raconte la catastrophe de Courrières, l'accident dans la mine qui causa de très nombreux morts. C'est aussi l'histoire d'une amitié entre deux enfants, l'un est fils de patron de la mine, l'autre est galibo (enfant-mineur).

Cela me dit quelquechose. Mon mari l'avait regardé un soir où j'étais allée à la répétition de la chorale et m'en a parlé.

Dans le célèbre roman " Sans famille" d'Hector Malot, connu pour ses adaptations cinématographiques et télévisées et que l'on peut relire avec profit car la langue française est parfaitement maîtrisée, il y a tout un chapitre sur le travail des enfants dans la mine. Au CM2, l'instituteur nous en avait lu de larges extraits.

Zola se documentait sérieusement avant de rédiger ses romans qu'il inscrivait dans une perspective scientifique : en gros l'hérédité, et le milieu expliquent et conditionnent les êtres humains. En fait, il n'écrit pas du tout comme un scientifique et il laisse libre cours à son imagination et à ses fantasmes dans ses descriptions ce qui donne d'ailleurs de très belles pages. A condition d'aimer Zola bien sûr.

Je commence seulement à prendre l"habitude" de fureter sur votre p'tit coin tranquille. C'est une vraie mine d'or tant en qualité d'échanges qu'en informations en tout genre. Félicitations sincères à ses créateurs et ceux qui le font vivre!

Merci BA, ce genre de message fait très très plaisir !!!!