Ce conte de Voltaire est publié en livre de poche,collection La Pochotèque, 1994, 1036 pages avec une préface et des notes, notes allant à l'essentiel pour comprendre.
Le sous titre : " Vision de Babouc par lui-même" désigne le personnage principal alors que le titre désigne à la fois la quête du personnage et la leçon qu'il tire de cette quête.
L'histoire comporte 12 chapitres, d'une page chacun. Le scénario s'inspire, d'après les notes, du livre de Jonas dans la Bible. Le cadre et l'époque s'inspirent directement du Paris de 1740- 1745 où vit Voltaire, reçu un peu partout.
Le génie Ituriel, ou l'ange, c'est selon, préside le département de la Haute Asie et envoie le Scythe Babouc enquêter sur les folies et les excès des Perses afin de savoir s'il convient de châtier ou détruire la ville de Persépolis. Babouc ignore tout de ce peuple. De ce fait son rapport sera impartial. Au don de discernement, Ituriel ajoute celui d'inspirer la confiance et lui donne les directives suivantes : "Marche, regarde, écoute, observe."
Babouc est d'abord confronté à la guerre entre la Perse et l'Inde et a bien du mal à en découvrir la raison profonde. Quand la paix revient les chefs des deux armées qui n'ont gagné ni l'un ni l'autre briguent les récompenses pour n'avoir fait que verser le sang de leurs semblables. Babouc découvre ensuite la saleté de la ville puis ses merveilles et rencontre ses habitants eux-mêmes habités par la jalousie, la discorde et la vengeance. Le savoir et la compétence ne sont ni reconnus à leur juste valeur et encore moins récompensés puisque les charges permettant d'exercer les responsabilités et surtout le pouvoir, s'achètent. Les beaux parleurs dont les discours n'apprennent rien sont pourtant écoutés. L'intolérance religieuse à l'encontre du Grand Lama du Thibet est motivée par ses déclarations : il prétend que l'homme est libre et comme personne ne le croit, il a forcément tort. Babouc fréquente ensuite les salons où pérorent les intellectuels jouant à s'humilier. Fort heureusement il rencontre ensuite de sages lettrés qui lui expliquent que " dans tous les temps, dans tous les pays et dans tous les genres, le mauvais fourmille et le bon est rare. Ce qui est le plus indigne de paraître est toujours ce qui se montre avec le plus d'impudence. Les vieux sages vivent entre eux retirés et tranquilles. Le bien caché résulte des abus.
Babouc découvre ensuite le monde de la justice, est reçu chez un vieux ministre plein d'expérience ( le vieux cardinal Fleury ) puis chez Téone ( féminin du mathématicien grec Téon ) personnage inspiré par Emilie du Chatelet, brillante scientifique amie de Voltaire.
En guise de rapport, Babouc se résout à confectionner une statue composée de métaux et de pierres les plus précieux et les plus vils, et demande alors à Uriel : "Casserez- vous cette statue parce que tout n'y est pas or et diamants ?" Ituriel ne songe même plus à corriger Persépolis et préfère encore laisser aller le monde comme il va car si si tout n'est pas bien, tout est passable.
Diderot reprendra la formule dans "Le Neveu de Rameau."