Le fil de l'araignée d'Yvette Lundy.

Nous sommes allés hier à un salon du livre dans une bourgade du sud-ouest marnais. Il faisait beau. Il y avait du monde. Les gens n'achetaient pas, Les exposants bavardaient et se promenaient car ils étaient venus eux aussi dans ce but. Bref, c'était bon enfant. Nous n'avons acheté qu'un seul livre, celui d'Yvette Lundy, le fil de l'araignée.Je l'ai dévoré après avoir regardé deux épisodes de Murdoch.

Le fil de l'araignée c'est le symbole de la force intérieure quand la beauté surgit au milieu de l'horreur. Un appel nocturne s'éternise dans le camp. Yvette Lundy contemple la beauté du ciel étoilé et imagine être une arignée remontant son fil pour atteindre la liberté.

Yvette Lundy est une ancienne institutrice-secrétaire de mairie qui a été déportée, suite à une dénonciation, car elle fabriquait des faux papiers. Son petit ouvrage est un récit mis en forme par elle-même et des amis l'ayant incitée à relater l'itinéraire de sa vie et celui de sa famille. C'est stimulant. On reprend courage à la lecture de tout ce qu'elle raconte mais il a fallu du temps pour qu'elle brise la carapace.

Depuis de nombreuses années, elle se déplace dans les collèges et lycées pour répondre aux questions des jeunes. A chaque fois, le silence s'installe dès qu'elle arrive tant sa personne simple et digne impose le respect. A chaque fois, les élèves posent des questions et écoutent les réponses, des réponses qui les concernent et les invitent à se construire et à construire leur vie. Elle a rencontré des milliers de jeunes dans le département. Elle est venue dans l'une de mes classes de première, une classe de garçons où la littérature et l'histoire bénéficiaient d'un coefficient dérisoire. Ils ont été sidérés j'ai su qu'ils avaient éprouvé le besoin d'en parler à leurs parents.

Elle s'occupe de plusieurs associations et du concours national de la résistance et de la déportation ouvert aux établissements scolaires.
( Elle m'a confié que mon premier instituteur, Gabriel Legrand ancien déporté lui aussi, avait eu du mal à rejoindre l'association des déportés mais qu'elle comprenait très bien cette réactionqu'elle avait elle-même dû surmonter.) J'ai appris un jour qu'elle était la cousine de mon second instituteur qui en raison des séquelles d'une tuberculose des os n'avait été ni mobilisé ni recruté pour le STO. Pour son premier poste en 1942, on lui attribua une classe de 54 élèves.)

Yvette Lundy est âgée de 95 ans. Elle continue ses interventions dans les établissements scolaires et samedi dernier elle dédicaçait son ouvrage dans l'unique librairie d'Epernay. Un collège marnais porte son nom. Elle n'en tire aucune vanité. Elle vit simplement. Ce qui importe pour elle c'est le respect de la dignité de l'être humain que personne n'a le droit d'asservir et de réduire à néant. Elle ne cesse de répéter qu'il faut être d'une extrême vigilance.

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