Chaque année nous envoyons nos vœux par la poste ou par internet à nos connaissances. Je rédige une texte qui débute par une citation que je choisis dans le calendrier des artistes qui peignent avec le pied ou la bouche. Cette année j'ai choisi cette pensée de Bernanos en guise d'introduction à ma missive.
Les petites choses n’ont l’air de rien mais elles donnent la paix. C’est comme les fleurs des champs. On les croit sans parfum et toutes ensemble, elles embaument.
Bernanos.
Impossible de l'envoyer mot pour mot. j'ai été contrainte de supprimer le pronom indéfini toutes au féminin pluriel dans la phrase pour éviter le trait vert ondulé qui indique une erreur à rectifier. J'avais cliqué sur ignorer, puis enregistrer, rien à faire le correcteur s'obstinait. J'ai cliqué sur le rectangle grammaire qui m'a indiqué une règle d'accord erronée et m'imposait deux solutions au choix :
toutes ensembles ou tout ensemble.
Dans le premier cas, le correcteur de grammaire accorde l'adverbe invariable ensemble avec le pronom indéfini toutes, mis pour les fleurs. Or, le mot ensemble est ici un adverbe invariable dans le sens de collectivement et simultanément et non le nom : un ensemble.
Dans le second cas, le correcteur considère que toutes, pronom indéfini au féminin pluriel et mis pour les fleurs n'existe pas et remplace le pronom par l'adverbe tout renforçant l'adverbe ensemble.
J'ai dû modifier la phrase de Bernanos et supprimer toutes pour éviter le trait vert, donnant à penser aux destinataires que ni Bernanos ni moi nous maîtrisions ni la grammaire ni l'orthographe.
Il se trouve que j'appartiens à cette génération qui a eu droit aux dictées suivies de questions, plusieurs fois par semaine, tant en primaire qu'au collège. J'adorais les questions de grammaire, vocabulaire et analyse logique qui permettaient de bien comprendre le texte de la dictée. Ces questions aidaient parfois à rectifier l'orthographe. L'analyse grammaticale obligeait à observer, à réfléchir et à distinguer la véritable nature d'un mot que l'on pouvait confondre avec un homonyme voire un homographe.
Par exemple s'il était demandé d'analyser tous, dans tous les enfants et que l'on avait d'abord orthographié tout les enfants, cela invitait à corriger. J'aimais bien distinguer les différents que ou qui être selon le cas pronom relatif - avec recherche de l'antécédent - ou interrogatif. J'aimais bien la correction détaillée qui suivait et les explications du maître ou du professeur. Je comprenais confusément que ces exercices décriés quelques années plus tard par des réformateurs "sculpteurs de vent et pelleteurs de brume " (1) m'apprenaient progressivement à m'exprimer.
(1) Rendons à César ce qui lui appartient. Cette expression est de Maurice Mabilon, instituteur devenu inspecteur primaire, décédé en 2010.