Nous avons regardé " Le voyage de la veuve ." hier soir sur France 2. En mars 1918, Clémenceau envoie une guillotine et le bourreau en Belgique pour réchauffer les relations un peu tièdes entre la France et la Belgique, bref pour faire plaisir et se faire bien voir du roi des Belges qui n'a pas gracié un condamné à mort pour avoir tué fiancée.
Bien entendu le voyage sera particulièrement mouvementé et l'escorte militaire contrainte de modifier l'itinéraire prévu va découvrir la guerre dans toute son horreur. Le voyage constitue une véritable absurdité. Parmi les personnages, il y a ceux qui restent ancrés dans leurs principes et leurs certitudes en dépit de ce qui crève les yeux, ceux qui jettent par dessus les moulins leurs belles illusions et comprennent ( ce fut le cas de mon père) et ceux qui ont compris et trouvé une forme de sagesse pour sur vivre. L'infirmière veuve de dévoue en apaisant les souffrances. Le caporal écrit et dessine tout en souffrant des gaz qu'il respirés. Le Sénégalais récite des vers.
J'ai retrouvé dans mes placards, un petite plaquette éditée par " Le Point;" et " Historia." où l'on trouve mis en parallèle, les propos d'un certain Déroulède , ceux de Céline et de Barbusse
Au départ, Guillaume II affirme que la guerre sera fraîche et joyeuse du côté allemand tandis que chez nous, Paul Déroulède, dans " Les pages françaises" encourage la jeunesse.
- Gronde canon, crache mitraille ! Fiers bûcherons de la bataille ouvrez- nous un chemin sanglant. En avant !
- En avant! tant pis pour qui tombe. La mort n'est rien. Vive la tombe ! Quand un pays en sort vivant. En avant.
Mais sur le terrain c'est différent;
- Dans une odeur de soufre, de poudre noire, d'étoffes brûlées,de terre calcinée,qui rode en nappe sur la campagne, toute la ménagerie donne déchaînée. meuglements, rugissements, grondements farouches et étranges, miaulements de chatqui vous déchirent férocement les oreilles et vous fouillent le ventre."( Henri Barbusse. Le feu.)
- Le feu est parti,le bruit est resté longtemps dans ma tête, et puis les bras et les jambes qui tremblaient comme si quelqu'un vous secouait par derrière. Ils avaient l'air de me quitter et puis me sont restés quand même mes membres. ( Louis- Ferdinand Céline. Voyage au bout de la nuit.)
- Quand on est au bord du trou, faudra pas faire les malins nous autres, mais faudra pas oublier non plus, faudra raconter tout sans changer un mot, de tout ce qu'on a vu de plus vicieux chez les hommes. ( Même ouvrage.)
Et ils ont raconté : Barbusse, Céline Dorgelès, Genevoix, Remarque et les autres, et ils dénoncé l'hypocrisie et ce qu'il y a plus vicieux chez les hommes selon Céline, de ceux se pavanaient à l'arrière . Je pense au roman bouleversant de Louis Guilloux " Le sang noir." qui fut adapté en téléfilm il y a une paire d'années.