Monsieur Roger Debrin, premier directeur du collège de Dormans qui ouvrit ses portes à l'école de garçons de Dormans, rue du Faubourg de Chavenay, à la rentrée 1958 sous la forme d'un Cours complémentaire s'est éteint le 2 décembre dernier à l'âge de 95 ans.
Né à Bergères les Vertus en 1913, il devient élève- maître à l'Ecole Normale d'instituteurs de Châlons sur Marne. Pour son premier poste il est nommé à Beaunay, village où il rencontre sa future femme, épousée en 1935 et décédée en janvier 2007 après avoir vécu à ses côtés durant 72 ans.
Il enseigne ensuite à Soudé- Sainte- Croix puis à Arcis le Ponsart. De 1939 à 1945, il est prisonnier en Allemagne dans des conditions très éprouvantes, séparé de sa femme et de sa fille née aussitôt son départ et qu'il ne verra qu'à son retour.
Il arrive à Dormans en 1952 et devient directeur de l'école de garçons, située à l'époque rue Carnot à l'emplacement de la poste actuelle. La direction du Cours complémentaire - rattaché à la nouvelle école de garçons rue du faubourg de Chavenay et qui deviendra un collège quelques années plus tard lui est confiée dès son ouverture en 1958. Il remplit cette fonction avec la plus grande conscience professionnelle et un dévouement exemplaire guidé par l'engagement humaniste qui le caractérise. jusqu'à sa retraite en 1969. Il assure également la fonction de sous-caissier à la caisse d'Epargne de Dormans, secondé dans cette tâche par Madame Debrin, son épouse.
Les élèves de la première classe de sixième de l'établissement, nés en 1946 et 1947, se souviennent d'autant plus de la rentrée scolaire 1958, qu'il s'agissait d'un événement très important dans la vie de l'époque. Pour ces enfants domicilés à Dormans et dans les villages des environs, l'ouverture d'un établissement secondaire sur place représentait une chance inespérée de continuer des études à moindres frais sans couper trop tôt le cordon ombilical. Le ramassage scolaire n'étant pas encore mis en place, les élèves au nombre de 40 environ, venaient à pied, à bicyclette, ou avec l'autocar des Rapides de Champagne. Le collège de Mareuil le Port n'existait pas encore. Une cantine était assurée le midi dans les locaux de l'actuelle bibliothèque sous la surveillance de Monsieur Bernard Lasalle.
Monsieur Debrin et Monsieur Lasalle assuraient à eux deux l'enseignement de toutes les matières à savoir :
- mathématiques, histoire, géographie, sciences naturelles et musique avec Monsieur Debrin qui était également responsable des diverses charges administratives, comptables et matérielles de l'établissement.
- français, anglais, arts plastiques et éducation physique avec Monsieur Lasalle. L'éducation physique ne pouvait être ni régulièrement ni correctement assurée. L'enseignement de cette discipline dépendait essentiellement du beau temps et se limitait à quelques exercices dans la cour ou dans le parc du château, occasion d'une promenade agréable. Monsieur Lasalle diplômé de lettres classiques aurait aimé nous enseigner le latin mais lui et Monsieur Debrin avaient d'autres élèves à encadrer. Monsieur Debrin assurait la préparation au Certficat de fin d'études primaires et Monsieur Lasalle avait en charge des élèves de cours moyen. L'emploi du temps était très simple pour cette première classe de sixième qui travaillait le matin avec Monsieur Debrin et l'après-midi avec Monsieur Lasalle. L'année suivante , ces deux professeurs continuèrent, à eux seuls, d'enseigner toutes les matières mais ils avaient été déchargés des classes de l'école primaire. Avec l'ouverture de la classe de quatrième deux autres professeurs furent nommés, puis d'autres encore l'année suivante.
Les élèves de cette première sixième étaient profondément motivés et leurs parents leur rappelaient souvent qu'ils devaient profiter de la chance qui Leur était offerte. L'ambiance de travail était très studieuse, rigoureuse, exigeante et familiale à la fois. Il fallait travailler et le collège devait faire ses preuves. En juin1963, cinq filles et un garçon furent reçus au concours très sélectif d'entrée à l'Ecole Normale en décrochant pour certaines, la seconde, la troisième et la dixième place sur les cinquante candidates admises. Il convient de citer d'autres réussites : médecin, ingénieur, responsable d'une coopérative agricole, chef d'entreprise,chefs d'exploitation agricole et viticole, artisans ou commerçants, consciencieux et fiers de leur métier dans tous les cas.
Monsieur Roger Debrin a d'abord enseigné ce qu'il était, un homme curieux de tout, porté par cette soif d'absolu qui consiste à vouloir savoir et comprendre pour vivre dans la dignité et convaincu de sa mission.