Ce film a été présenté hors compétition à Cannes en 1992 et c'est le premier film de Lucian Pintille revenu en Roumanie après 20 ans d'exil. J'ai regardé le dvd hier soir et j'avoue qu'il ne laisse pas indifférent tant il est dense, tant il donne à réfléchir.
Que symbolise le chêne ? l'équilibre, la force, la majesté, l'âme d'un peuple fortifiés au fil des siècles ? Comment savoir ? Dans le film c'est le lieu où Nela, une jeune enseignante insoumise et rebelle au régime de Ceaucescu avant sa chute en 88 vient enterrer les cendres de son père. Au début du film elle considère son père comme un héros. A la fin elle sait qu'il a été lâche et contaminé par l'esprit de délation détruisant la moindre parcelle de dignité et d'humanité au sein même des couples. Pourtant elle respectera les dernières volontés de son père et l'image du chêne ferme le film comme il l'a ouvert.
Entre temps, en l'espace d'une semaine, Nela va rencontrer un autre rebelle comme elle, le chirurgien Mitica mais l'intrigue amoureuse est secondaire car ce qui compte c'est de découvrir par lintermédiaire de ces deux êtres généreux et lucides, l'état de délabrement du pays : délabrement économique des infrastructures et des services publics, délabrement des esprits dévorés par la délation et la corruption, délabrement des êtres réduits à leurs pulsions animales.
Ce film est sombre, cauchemardesque, à la limite du supportable, excessif peut -être dans la mesure où un critique évoque un univers à mi- chemin entre l'univers de Fellini et celui de Kusturica ( je ne connais pas ) mais il reste porteur d'espoir et pointe du doigt les dangers et les ravages de la folie du pouvoir.