Jacques Cazotte (1719-1792) est considéré comme le premier écrivain fantastique français qui inspira ensuite les auteurs français, anglais, allemands polonais du siècle qui suivit. Un article sur Wikipédia lui est consacré. Il est connu des universitaires du monde entier et un colloque international vient de lui être consacré à l'université de Reims et au village de Pierry dont il fut le premier maire à la Révolution avant de mourir guillotiné en raison de sa fidélité à Dieu et au roi. Il fut également propriétaire d'un vignoble important à Pierry,( village proche d'Epernay) un négociant habile après avoir servi dans la Marine aux Antilles.
J'ai participé à ce colloque en donnant une communication sur "Le Diable amoureux " son ouvrage le plus connu et le plus réussi. Il s'agit d'un court roman, dont la lecture est agréable et accessible et que l'on peut trouver en plusieurs collections de poche : poche, folio, Librio, Garnier-Flammarion, Ecole des lettres ... ( 60 pages environ)
Alvare, jeune Espagnol en garnison à Naples chasse l'ennui en se consacrant à l'étude des sciences occultes. Il invoque le Diable dans une grotte des ruines de Portici qui se révéleront être celles de Pompeï au siècle suivant. Celui-ci apparait sous la forme d'un horrible chameau, puis d'une chienne, d'un page, d'une cantatrice et enfin d'une ravissante jeune fille : Biondetta qui va l'entraîner à Venise où elle prendra le temps de le séduire pour lui transmettre son savoir et faire de lui le roi du monde. Elle prétend être une sylphide, c'est à dire un esprit de l'air. ( Pour rappel, il y a les Sylphes pour l'air, les Ondins pour l'eau, les Salamandres pour le feu et le Gnomes pour la terre.) En fait elle n'est pas une sylphide puisqu'elle est le Diable. Est-elle vraiment amoureuse si l'on considère qu'elle s'est prise au jeu ? Si l'amour évoque le Bien et que le Diable c'est le Mal, est-ce que le Diable peut vraiment être amoureux ? Alvare a-t-il rêvé ou non ? Sa curiosité pour l'occultisme était-ce une curiosité pour un savoir interdit ou le désir érotique freiné par la figure maternelle très catholique ?
Tout est ambigu : le titre, les deux personnages et leurs motivations, les événements que l'on peut expliquer de façon logique et surnaturelle à la fois, et le dénouement dont le sens n'est pas figé mais ouvert à plusieurs interprétations. Telle était le sujet de ma communication : l'ambiguïté du Diable amoureux.
Bonne lecture si cela vous dit.