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 Jeanne Benameur

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coline

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MessageSujet: Jeanne Benameur   Jeanne Benameur Icon_minitimeJeu 4 Jan - 22:09

Elle a beaucoup écrit pour les enfants et les adolescents ("Le petit être", "Samira des Quatre Routes", Adil Coeur rebelle", et beaucoup d'autres très belles histoires...)...

Elle écrit aussi pour les adultes et son livre "LES DEMEUREES", est un livre tout en finesse et en émotion.
C'est l'histoire d'une femme, La Varienne, l'idiote du village. Et de sa fille Luce. Toutes les deux vivent dans une bulle d'amour. Mais l'école est obligatoire, et il faut que Luce s'y rende. Elle craint que le fait d'apprendre à lire la sépare de sa mère...

Extrait de "LES DEMEUREES" :

"Il a bien fallu. Tout le monde l'a dit: l'école, c'est obligatoire. La Varienne a baissé la tête.
Le jour de la première fois, elle a lissé un froissement qu'elle seule voyait sur son tablier bleu foncé, longuement. Elle n'a pas regardé Luce partir.
C'est brusquement, une fois la porte refermée, qu'elle s'est levée.
Elle a suivi saz petite, comme font les chiens dont on ne veut pas, de loin.
On a vu la Varienne s'arrêter sur la place du village, elle qui n'y vient jamais sans son panier. Les deux bras ballants, devant l'édifice qui lui avait dévoré sa petite, plantée devant la grande grille refermée, elle est restée.
Demeurée, c'est l'autre nom pour l'abrutie qu'elle est.
Demeurée, oui, demeurée, devant la grille close, longtemps, sous la bruine rousse de septembre...
...La petite n'est plus. La Varienne est une île.
Il arrive ce qu'elle ne connaît pas: l'absence.
Elle, elle ne sait pas se distraire, faire les tâches de chaque jour en rêvant, regarder parfois par la fenêtre, elle ne sait pas. Empaquetée dans l'étouffement de ce qu'elle ne peut pas nommer, elle est demeurée.
.."

Les demeurées: un Folio à 2 euros...et je crois que vous ne regretterez pas votre investissement...


Dernière édition par le Jeu 4 Jan - 22:13, édité 2 fois
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coline

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MessageSujet: Re: Jeanne Benameur   Jeanne Benameur Icon_minitimeJeu 4 Jan - 22:11

"Les mains libres"...toujours de Jeanne Benameur.
C'est l'histoire d'une rencontre improbable entre une vieille dame qui vit entourée des livres de son défunt mari, sans jamais les ouvrir , rêvant seulement de voyages, et un jeune Gitan en manque de lecture...

Les mains libres (extrait):

« Mais lui, Vargas, aujourd’hui, sait qu’ils ne se sont jamais arrêtés aussi longtemps. Il le sait à l’hostilité diffuse qu’il sent monter autour d’eux. L’hostilité de ceux qui ne bougent pas et les regardent en se demandant Vont-ils rester ? veulent-ils rester ?
Des errants qui s’arrêtent, cela bouleverse l’ordre des choses.
il le sait, ils font lever dans les cœurs la mauvaise pâte. Toutes les vieilles peurs. Yvonne, elle, n’a pas peur. Elle n’a pas de place pour ça en elle. Pourtant elle l’a vu dans le grand magasin. Il le sait.
Voleur.
De quoi ? Du chocolat ? Non. Vargas secoue la tête. Pour tous ceux qui ne bougent pas, les errants sont les voleurs de tout ce qui est à voler. Tout. Le volable, le volatilisable. Soudain, les objets les plus habituels, ceux qu’on ne regarde plus, prennent une valeur inestimable : celle de pouvoir disparaître.
C’est à cela qu’ils servent, eux ? A faire peur ?
Oui, tout peut être volé.
Et alors ?
Yvonne, elle, le sait, du fond de sa cuisine, on ne devrait jamais craindre d’être volé. N’est volé que ce qu’on a. Le pire, au fond de nous, c’est ce qu’on n’a pas. C’est le manque. Et personne ne nous le volera jamais. Personne ne peut voler le manque. Personne. Quel dommage ! »
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coline

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MessageSujet: Re: Jeanne Benameur   Jeanne Benameur Icon_minitimeJeu 4 Jan - 22:14

Les reliques.

Les Reliques, récit de l’ardente passion qui continue de consumer trois hommes en marge, brisés par la perte de la même femme et qui cultivent à leur manière le culte de leur amante morte.

Trois saltimbanques en fin de carrière et répondant à des prénoms calqués sur ceux des rois mages. Zeppo, toqué de photographie et clown ; Helsior, prestidigitateur jusque dans sa manière de préparer le café ; Nebaltar, lui, nourrissait les fauves et connaissait leur langage .

Au tout début du roman, ils sont abandonnés à leur sort par la caravane d’un cirque ambulant, sur le bord d'une route, aux abords d’un baraquement désaffecté et non loin de ce qui restera nommé « le village ». Ils vivent là. Dans leur tristesse. Avec la sourde hostilité des villageois

Amis, ils le sont, pour toute une vie passée ensemble sur les routes et sous le chapiteau. Ils le sont aussi parce que tous trois ont aimé et furent aimés de la même femme, Mira, la fabuleuse trapéziste. Mais leur amante est morte. Un jour elle en aima un autre qui la laissa tomber et elle se laissa choir. Le dompteur a payé, il a été dévoré par ses bêtes.

« Le cirque devant la mort manque d’imagination. Il abandonne. La mort, c’est sa faiblesse, au cirque. Il n’en veut pas, la laisse à ceux des villages. Le cirque se fait croire à l’éternité en détournant la tête et en continuant. »
« Quand Mira est morte, ils ont su tout de suite. Ils ne pouvaient plus suivre leur route, chacun. Ils ne pouvaient continuer qu’à trois. Une certitude. Totale »


Depuis, ils ne se résignent pas à oublier.
Que subsiste-t-il de cette trapéziste extraordinaire ? Des ballerines usées et un dernier costume de scène taché de sang, précieusement conservés dans un coffre : leur trésor. En prêtres ou en magiciens, ils créent l’immortalité de leur amour à partir de ces étranges reliques. Parce que
« Une relique est une chose qui demeure bien après que tout a disparu. Derrière le verre, protégée la relique est là. On la révère ». Ils vont lui vouer un culte fantasque dans une sorte de religion qu’ils pratiquent en huis-clos.

D'une plume délicate, d’une écriture concise, précise et poétique, Jeanne Benameur raconte l'univers de ces trois hommes en marge de tout, unis par leur amour fou pour Mira....

Magnifique histoire !
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coline

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MessageSujet: Re: Jeanne Benameur   Jeanne Benameur Icon_minitimeJeu 4 Jan - 22:18

Présent?

Jeanne Benameur a été enseignante dans les établissements dits difficiles jusqu'en 2001. Aujourd’hui, elle se consacre à l’écriture.

Difficile de parler de la question de l’enseignement et de la vie dans les établissements scolaires. C’est pourtant ce qu’elle vient de faire avec
« Présent ? ». Le livre est annoncé comme un roman. Roman ? Voire…Si c’est un roman, il a la valeur d’un véritable documentaire.

Roman , sa construction du texte s’organise autour d’un événement capital qui va avoir lieu : le crucial conseil de classe d’une 3ème…

Tout le récit est tendu vers ce conseil où l’on sait que se jouera le « sort » des élèves et plus particulièrement celui d’une élève un peu marginale, une artiste, Madison Cotard…Elève renfermée et solitaire qui croque le portrait de ses profs avec talent mais ne s’intéresse pas au contenu de leurs cours.

« Chez elle, elle ne dit rien. Pas plus qu’ici. Elle n’est pas forte pour les paroles. Elle, elle dessine. Beaucoup. Tout ce qui lui passe sous les yeux. Les profs pensent qu’elle écrit. Leurs regards l’absorbent avec les chaises, les murs. On ne la remarque pas. Mais aujourd’hui, elle a du mal. Elle est en troisième, ce soir c’est son conseil de classe. [...] Où va-t-on l’envoyer l’année prochaine ? Elle a peur. Depuis ce matin. Une peur qu’elle n’imaginait même pas. Comme si on allait lui dessiner une vie et qu’elle n’en aurait plus jamais d’autre. »

Autour de Madison, tous les protagonistes du conseil dont Jeanne Benameur brosse les portraits de façon sensible, tendre et respectueuse.

« C’est le corps souffrant du collège qui est mis à nu » :chacun est là avec ses drames, ses échecs, ses espoirs, ses histoires d’amour, ses rêves et ses désillusions, ses désirs de revanche. Son humanité aussi.

Le constat est inquiétant. La situation en équilibre fragile. La tension est perceptible. Pourtant le drame tient plus à l’institution qu’aux êtres humains sur lesquels elle repose…C’est pourquoi, il reste l’espoir.

Jeanne Benameur ne donne pas de recettes. Elle laisse passer tout au long du récit des messages auxquels elle tient .Par exemple, lorsque le professeur de Lettres lit Kafka au lieu de faire l’appel et donner son cours habituel :

« On découvre une langue par son mystère, ce qui nous touche là où on ne savait même pas qu’on existait. C’est cela la littérature et rien d’autre. Et on est grand et on est beau quand on a pénétré un texte. Il n’y a pas d’autre voie. Il faut oser. La fureur et la douceur. Extrêmes. Sans se poser de questions inutiles. Sans se laisser arrêter par les mots. Juste se laisser prendre. »

(Dans une interview, Jeanne Benameur disait ceci :

« La langue maternelle de ma mère est l'italien, celle de mon père l'arabe. Les sons et les rythmes de ces langues font empreinte, en creux, dans la langue française où j'ai appris à parler, à lire, à écrire.

La prison que mon père dirigeait en Algérie fut attaquée par ceux qui devinrent l'OAS. J'avais cinq ans et j'ai «appris à mourir
".

C'est de cette histoire que je viens.

C'est dans les mots que j'ai vécu. Dans les images qu'ils faisaient naître en moi. Dans les mots j'ai marché la tête haute, je n'avais plus peur. Avec les auteurs, morts ou vivants, j'ai passé alliance. Très tôt. Ma mère, cette fille de mineur immigré qui rêvait d'être institutrice, m'a appris à lire et écrire avant toute école, j'avais trois ou quatre ans. Elle a bien fait.

La lecture et l'écriture sont ma colonne vertébrale. Je dois à mon enfance d'avoir appris très tôt que nous sommes mortels, l'ennui m'est insupportable. Je dois aussi à cette enfance l'horreur de l'enfermement.

Cela rend inventif. »)



On ne retrouve pas dans ce livre la langue poétique de Jeanne Benameur. Celle que j'aime tant.

C'est ici la langue du constat, du réel. Le propos est totalement autre que dans ses autres livres où l'imagination et le rêve s'additionnaient aux images du quotidien, même les plus banales, même les plus dures.

Il n'y a pas de place pour des rêves aujourd'hui dans le système scolaire. Il n'y a que des adultes et des jeunes en butte au poids de la société et de ses institutions. Le poids est très lourd pour s'en libérer et prendre son envol.
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Marie-Ange
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MessageSujet: Re: Jeanne Benameur   Jeanne Benameur Icon_minitimeVen 5 Jan - 9:33

Je pense ne pas me tromper en disant que c'est un (une ? comment on dit au féminin ?) auteur qui te touche beaucoup Coline ?!

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Il y a tant à lire qu'une vie ne me suffira pas...
Il y a tant de livres, que j'ai pas assez de place pour tout avoir sniff Very Happy
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MessageSujet: Re: Jeanne Benameur   Jeanne Benameur Icon_minitimeVen 5 Jan - 13:12

J'ai eu la chance d'entendre les demeurées. Racontée par Coline et une autre personne lors d'un festival. Nous fûmes tous captivés et je me souviens encore d'enfants bouche béée au premier rang.
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coline

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MessageSujet: Re: Jeanne Benameur   Jeanne Benameur Icon_minitimeVen 5 Jan - 22:46

tantepim a écrit:
J'ai eu la chance d'entendre les demeurées. Racontée par Coline et une autre personne lors d'un festival. Nous fûmes tous captivés et je me souviens encore d'enfants bouche béée au premier rang.

Merci Tantepim de faire remonter ce souvenir...
J'ai fait une très longue tournée par la suite avec cette lecture des Demeurées. La dernière a eu lieu au mois de novembre dernier.
C'est fou ce que ce texte a pu émouvoir les publics...

Oui, Marie Jeanne, j'ai un attachement tout particulier à Jeanne Benameur et à son oeuvre.
(De plus en plus, on voit apparaître le mot auteure au féminin...Je suis plutôt pour!)
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MessageSujet: Re: Jeanne Benameur   Jeanne Benameur Icon_minitime

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