Les suicidaires conclurent d’une seule voix que si le plus grave dans la vie c’était bien la mort, ce n’était quand même pas si grave.
A.P.Une couverture, un titre peuvent-il engager à des idées préconçues ? J’en suis à la fois actrice et victime je le confesse. Voici quelques temps déjà, je passai devant Le lièvre de Vanaten de Arto Paasolina. Je ne m’en trouvai pas inspirée, jusqu’à ce que, du même auteur un titre attire mon attention :
Petits suicides entre amis. Il augurait une forme d’humour noir dont je suis friande.
La Finlande au lendemain d’une fête de solstice. Le président Rellonen poursuivi par les huissiers et doté d’une épouse indifférente fait fortuitement connaissance du colonel Kemppainen. Une grange isolée en pleine campagne à l’aube est-elle propice aux rencontres ? Oui, si les projets se croisent. Le président candidat au suicide sauvera in-extrémis le colonel déjà corde au cou.
Les deux hommes se lient d’amitié. Une annonce loufoque passée dans un journal leur confirme que la Finlande compte de nombreux suicidaires. L’une des réponses, la directrice adjointe Helena Puusari cèle le premier ciment de l’organisation. Les candidats au suicide organisent une réunion bien arrosée (ça commence) où il en ressort le projet d’un voyage à bord d’un autocar flambant neuf. Voyage dont le final sera le suicide collectif dans les eaux norvégiennes.
Commence un long périple qui ne s’arrêtera pas comme prévu en Norvège. Ce voyage propice aux situations cocasses et rencontres exotiques, se poursuivra via l’Allemagne, la France, la Suisse jusqu’au Portugal. Des liens se tissent, les candidats au suicide voient leur détermination chanceler et leur approche de la vie changer radicalement. Arto Paasolina croque une galerie de portraits savoureuse. Un humour pince sans rire dessert ce conte. L’utilisation systématique des noms propres complets accompagnés de leur titre ou fonction, la noirceur du projet, la loufoquerie ambiante rendent la lecture jubilatoire.
J’ai accompagné d’une seule traite ces candidats au suicide et à la joie de vivre tout au long de leur périple.. Sourires, même parfois éclats de rire et juste ce qu’il faut d’émotion (où plutôt de tendresse). Aarto Paasolina m’a convaincue et j’espère ses autres écrits dans la même veine.
Arto Paasolina fut agriculteur, bûcheron, poète et journaliste. Ses romans ont été traduits en plusieurs langues.