Emmanuel Pons

Je viens de tuer ma femme, premier roman d'Emmanuel Pons, court, d'une lecture rapide, surprenant, entre fou rire et frisson.

"Je viens de tuer ma femme. Ce qui m'ennuie, c'est les faire-part. Je dois absolument les écrire avant d'aller à la gendarmerie. Evidemment, je n'ai plus de timbres. Je lui avais pourtant demandé d'en acheter. En prévision."

Emmanuel Pons (le personnage porte le même nom que l'auteur) vient de tuer sa femme parce qu'elle commençait sérieusement à l'énerver. Avant d'aller avouer son crime à la gendarmerie, il doit envoyer les faire-part pour annoncer la nouvelle. Ecrive des faire-part, ça c'est aussi un truc qui l'énerve, et en plus sa femme, qui décidément même dans la mort lui tappe sur les nerfs, n'a pas racheté de timbres, ce qui va l'obliger à retarder sa visite à la gendarmerie et l'obliger à aller chercher des timbres, et il faut qu'il se dépêche car dans ce village tout ferme de bonne heure.
En route, il se dit qu'il doit confier son exploit à quelqu'un, faire partager son oeuvre avec un proche qui plus tard pourra dire aux journalistes qu'il a été mis dans la confidence. Oui, certes, d'autres ont fait la même chose que lui avant lui, mais là c'est lui qui vient de réaliser l'exploit de tuer sa femme.
Il va donc se confier à un homme qu'il prend pour un ami, mais celui-ci rit au récit d'Emmanuel qui se fache devant tant d'incompréhension. Il tue l'homme et la femme de celui-ci qui survient au mauvais moment et est témoin du crime. Il se dit que eux au moins ont de la chance, ils n'auront pas besoins d'écrire des faire-part... ça ça l'énerve vraiment les faire-part... d'ailleurs, il n'a toujours pas acheté les timbres et maintenant, vu l'heure, il va devoir remettre ça à demain... ah sa femme !
Biensûr il n'achètera jamais ses timbres, n'enverra pas ses faire-part, ne se dénoncera pas à la gendarmerie, mais des morts et des réflexions loufouques ça il va en semer.