En 1968, Jean-Louis Barrault a mis en scène l'ensemble de l'oeuvre de Rabelais dont je n'ai vu qu'un très court extrait à la télévision de l'époque que je regardais parfois chez la voisine de mes parents, émission qui devait s'appeler " Les trois coups " si ma mémoire est bonne.
Par contre je possède le petit ouvrage (200 pages) correspondant à ce spectacle : Rabelais par Jean-Louis Barrault , Gallimard 1968, collection le manteau d'Arlequin. Il s'agit d'un jeu dramatique en deux parties tiré des cinq livres de Rabelais.Jean-Louis Barrault a choisi les passages dialogués et les situations les plus représentatifs de toute l'oeuvre, sans modifier la langue et un récitant assure les transitions ou donne brièvement les explications indispensables. Les indications scéniques permettent d'imaginer le spectacle que je n'ai malheureusement pas vu, et il est mentionné que la musique est de Michel Polnareff.
Dans une brève préface, Jean-Louis Barrault explique que Rabelais est de notre époque, de toute époque, puisque son message est de boire la vie, d'aimer la vie, si imparfaite soit-elle et de le dire avec jubilation de toutes les façons possibles avec drôlerie, énormité, courtoisie ou fantaisie débridée en osant déranger et prendre des riques.
Coïncidence : ce travail de mise en scène, fut achevé juste avant les événements de mai.
Il y a un passage de la préface de Jean-Louis Barrault qui me plait bien : " Mais Rabelais, médecin averti, savait bien que la constipation mentale donne des migraines aussi méchantes que son correspondant viscéral. Il savait en revanche que la joie soulage et guérit les affligés et les malades."
Voilà, ça fait du bien de fréquenter des gens comme Rabelais et San Antonio.